Fièvre De Lassa
INTRODUCTION/GÉNÉRALITÉ
- Virus à ARN monocatenaire enveloppé appartenant à la famille des Arenaviridae.1
- Chef de file des arenavirus de l’ancien monde, deux sérotypes Nigeria et Josiah responsable de fièvre hémorragique virale (FHV) africaines
- La fièvre de Lassa est une fièvre hémorragique virale aiguë d’une durée d’une à quatre semaines qui sévit en Afrique occidentale
AGENT PATHOGèNE
A) Description
- La famille des Arenaviridae est une famille de virus qui appartiennent au groupe V (virus à ARN à simple brin et à polarité négative).
- Un seul genre, Arenavirus.
Deux sérogroupes :
- Arenavirus de l’ancien monde : complexe LCMV (Virus de la Chorioméningite Lymphocytaire) - LASV (Lassa virus) : Fièvre de Lassa
- Arenavirus du nouveau monde : complexe TACV (complexe virus Tacaribe) : Fièvres Hémorragiques d’Amérique du Sud (Junin, Machupo, Guanarito, Sabia virus)
B) Transmission
- Contamination par contact avec un rongeur ou ses déjections
- Transmission principalement par voie aérienne (aérosol infectieux, poussières contaminées) ; souillure de plaie ; urine infectée
- Transmission inter-humaine possible par contact avec des liquides biologiques contaminés (Lassa virus)
C) Aspect clinique
- Formes asymptomatiques fréquentes
- Syndrome pseudo-grippal avec leucopénie et thrombopénie
- Dans les formes graves : hémorragies, choc, décès (LASV et FHV d’Amérique du Sud)
- Surdité séquellaire possible (LASV)
- Méningo-encéphalite (LCMV) de guérison spontanée et généralement sans séquelles
D) Traitement
- Ribavirine IV : 100 mg/ml, flacons de 12 ml, à diluer dans 100 cc NaCl 0,9 % et à administrer en perfusion de 30 mn : dose de charge 30 mg/kg (max 2 g/dose) IV, puis 16 mg/kg (max 1 g/dose) IV toutes les 6 h pendant 4 jours, puis 8 mg/kg (max 500 mg/dose) IV toutes les 8 h pour les 6 jours suivants.
- Déclaration obligatoire (ARS, InvS, OMS)
E) Prévention
- Vaccination possible contre le virus Junin (Fièvre Hémorragique d’Argentine)
- Contrôle du réservoir animal : éviction des rongeurs et précautions à la manipulation
- Mesures d’isolements autour d’un cas de FHV : isolement géographique, chambre à pression négative. Respect strict des précautions universelles d’hygiène. Ports de masques FFP2, gants, lunettes, surblouse, surchaussures. Précautions de niveau L3 ou L4 pour les laboratoires.
HISTORIQUE
- Bien qu’ayant été décrit pour la première fois dans les années 1950, le virus à l’origine de la fièvre de Lassa n’a été identifié qu’en 1969.
PHYSIOPATHOLOGIE
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ÉPIDÉMIOLOGIE
A) Réservoir des FHV
- La fièvre de Lassa est une zoonose, ce qui signifie que l’homme est contaminé par contact avec des animaux infectés.
- Le réservoir animal, ou hôte, du virus est un rongeur du genre Mastomys, communément appelé «rat à mamelles multiples». L’infection ne le rend pas malade, mais il excrète le virus dans ses urines et ses excréments.
- La fièvre de Lassa est endémique en Afrique de l’Ouest et Centrale (300 000 à 500 000 infections/an) : Bénin, au Ghana, en Guinée, au Libéria, au Mali, en Sierra Leone et au Nigéria, mais elle est sans doute présente aussi dans d’autres pays d’Afrique occidental.
B) Transmission
1) Par contact direct ou indirect :
- Le virus de Lassa se transmet à l’homme par contact avec des aliments ou des articles ménagers contaminés par l’urine ou les excréments de rongeurs ou lors du dépeçage de rongeurs infectés
2 Interhumaine et en laboratoire :
- L’homme est généralement contaminé par exposition à l’urine ou aux excréments de rats Mastomys infectés.
- Le virus peut aussi se transmettre d’homme à homme par contact direct avec le sang, l’urine, les excréments ou autres sécrétions organiques d’une personne contaminée.
- Aucune donnée épidémiologique n’atteste la transmission aérienne d’homme à homme. La transmission interhumaine s’observe au sein de la communauté et en milieu médical, où le virus peut être transmis par du matériel médical contaminé, par exemple des aiguilles réutilisées.
- La transmission par voie sexuelle a été signalée.
FACTEURS DE RISQUES
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EXAMEN CLINIQUE
La durée d’incubation varie de 2 à 21 jours.
A) Formes asymptomatiques et pauci-symptomatiques
- Concerne 80 % des formes cliniques.
- Quand la maladie est symptomatique, le début des manifestations cliniques est en général progressif, avec de la fièvre, une faiblesse généralisée et un mauvais état général. Après quelques jours, les malades peuvent présenter des céphalées, une irritation de la gorge, des myalgies, des douleurs thoraciques, des nausées, des vomissements, des diarrhées, une toux et des douleurs abdominales.
B) Formes hémorragiques
- Dans les cas graves, un œdème de la face, une pleurésie, une hémorragie buccale, nasale, vaginale ou digestive et une hypotension peuvent apparaître. Une protéinurie est possible. À un stade tardif, on peut trouver un état de choc, des convulsions, des tremblements, une désorientation pouvant aller jusqu'au coma. La surdité survient chez 25% des malades qui survivent à la maladie. La moitié d'entre eux recouvrent en partie l'ouïe au bout d'un à trois mois. On peut observer des chutes de cheveux passagères et des troubles de la marche au cours de la convalescence.
- Dans les cas mortels, le décès survient généralement dans les 14 jours qui suivent l’apparition des symptômes. La pathologie est particulièrement grave lorsqu’elle se déclare en fin de grossesse, le décès de la mère et/ou du fœtus survenant dans plus de 80% des cas observés durant le troisième trimestre.
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
Comme les symptômes de la fièvre de Lassa sont très variables et peu spécifiques, le diagnostic clinique est souvent difficile, surtout aux premiers stades de la maladie. Il est difficile de distinguer la fièvre de Lassa d’autres fièvres hémorragiques virales, comme la maladie à virus Ebola, et de beaucoup d’autres maladies provoquant de la fièvre, notamment le paludisme, la shigellose, la fièvre typhoïde et la fièvre jaune.
Le diagnostic de certitude exige des examens qui se font uniquement dans des laboratoires de référence. Les échantillons de laboratoire peuvent présenter un risque biologique et nécessitent une manipulation extrêmement prudente.
L’infection par le virus de Lassa ne peut être diagnostiquée avec certitude qu’en procédant aux tests de laboratoire suivants:
- titrage immunoenzymatique (ELISA);
- détection de l’antigène;
- amplification génique précédée d’une transcription inverse (RT-PCR);
- isolement du virus sur culture cellulaire.3)
DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS
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ÉTIOLOGIE
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COMPLICATIONS
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PRISE EN CHARGE THÉRAPEUTIQUE
- Aux côtés des traitements symptomatiques, administration précoce (dans les six premiers jours) de ribavirine par voie parentérale
- Des soins de soutien précoces, axés sur la réhydratation et le traitement symptomatique, améliorent les chances de survie.
ÉVOLUTION/PRONOSTIC
- Le taux global de létalité est de 1%. Celui des patients atteints de formes sévères peut atteindre 15% en milieu hospitalier.
- Risque d’importation faible mais réel chez le voyageur
PRÉVENTION
- La prévention de la fièvre de Lassa passe par la promotion d'une bonne «hygiène communautaire» pour éviter que les rongeurs ne pénètrent dans les habitations. Parmi les mesures efficaces, on citera la conservation des céréales et plus généralement des denrées alimentaires dans des contenants résistant aux rongeurs, l'élimination des ordures loin des habitations, le maintien de la propreté à l'intérieur de celles-ci et la présence de chats.
- Les rats Mastomys sont si abondants dans les zones d'endémie qu'il est inutile de les éliminer complètement de l'environnement. Les familles doivent toujours prendre soin d'éviter tout contact avec le sang et les liquides biologiques d'un malade.
- En milieu médical, le personnel doit toujours prendre les précautions d’usage en matière de prévention et de lutte contre les infections associées aux soins quand il s’occupe des patients, quel que soit le diagnostic présumé. Ces précautions comprennent les règles de base en matière d’hygiène des mains, l’hygiène respiratoire, le port d’un équipement de protection individuelle (pour se protéger des éclaboussures ou d’autres contacts avec des matières contaminées), la sécurité des injections et des rites funéraires.
- Les agents de santé qui s’occupent de cas présumés ou confirmés de fièvre de Lassa doivent prendre des mesures supplémentaires de lutte anti-infectieuse pour éviter tout contact avec le sang ou les liquides biologiques du patient et avec les surfaces ou les matériaux contaminés comme les vêtements et le linge de lit. Lors des contacts proches avec les malades (à moins d’un mètre), ils doivent porter une protection du visage (écran facial ou masque chirurgical et lunettes de protection), une blouse propre, non stérile, à manches longues et des gants (stériles pour certains actes médicaux).
- Le personnel de laboratoire est également exposé au risque. Les échantillons prélevés chez l’homme ou les animaux pour rechercher l’infection par le virus de Lassa doivent être manipulés par un personnel qualifié et analysés dans des laboratoires utilisant des conditions de confinement les plus rigoureuses possibles.
- Parfois des voyageurs en provenance de zones d'endémie exportent la maladie dans d’autres pays. Bien que le paludisme, la fièvre typhoïde et de nombreuses autres infections tropicales soient bien plus courantes que la fièvre de Lassa, il conviendra d'envisager ce diagnostic chez les patients fébriles qui reviennent d'Afrique occidentale, notamment s'ils se sont rendus dans des zones rurales ou des hôpitaux de pays où l'on sait que la fièvre de Lassa est endémique. Les agents de santé qui voient un cas suspect doivent immédiatement prendre contact avec les experts locaux ou nationaux pour demander conseil et organiser les tests de laboratoire.
- En cas d’exposition à risque (cas contact à haut risque ou AES), l’OMS recommande l’administration d’une prophylaxie post-exposition par ribavirine orale
- Signalement (ARS, InVs, OMS) et notification du cas (Déclaration obligatoire) : fiche ARS de déclaration d'une fièvre hémorragique africaine.1
SURVEILLANCE
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CAS PARTICULIERS
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THÉRAPIES FUTURES
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